Je ne prévois de rien changer cette année.
Je ne prévois pas de faire plus de sport, de manger mieux, d’atteindre un nouvel objectif pro ou de trouver l’amour. Je souhaite réellement que tout cela m’arrive. Mais j’ai décidé de ne rien faire pour que cela arrive. Je ne suis ni un projet, ni un chantier et je commence timidement à entrevoir ce que signifie “prendre soin de moi”.
Prendre soin de moi n’a rien à voir avec la méditation, les affirmations positives, les retraites de yoga ou les jus de légumes.
Prendre soin de moi, c’est d’abord ne pas essayer de changer quoique ce soit. C’est comprendre que travailler sur moi, vouloir évoluer, m’améliorer, devenir une “bonne personne”, allez mieux implique toujours que quelque chose en moi n’est pas à sa place, là maintenant.
Prendre soin de moi, c’est avant tout n’avoir aucun avis ou jugement sur ce que je suis, c’est me lever le matin en faisant de mon mieux, ou rester au lit toute la journée. C’est faire du sport ou manger une tablette de chocolat d’une traite. C’est lire un livre ou fumer une cigarette en finissant une bouteille de vin. Prendre soin de moi, c’est me laisser vivre.
Et vivre, c’est aussi avoir mal, se faire mal même.
Prendre soin de moi, c’est comprendre qu’il n’y a que par mes erreurs que je m’approche de ma vérité. Comprendre aussi que ma vérité d’aujourd’hui ne sera pas celle de demain. Qu’elle bougera, qu’elle me rira au nez dans quelques années, qu’elle me trahira encore en me disant “tu vois, rien n’est jamais acquis”.
Prendre soin de moi, c’est regarder en face qui je suis, sans jugement. C’est être cynique, égoïste, malveillante, aigrie, jalouse, paresseuse, fataliste, méfiante, étriquée d’esprit, victimaire. Car il n’y a qu’en me tenant face à celle que je déteste et répugne que je pourrai dire adieu à la culpabilité et la honte.
Prendre soin de moi, c’est me laisser sombrer, c’est abandonner mes rêves. Le temps qu’il faudra, pour comprendre qu’être moi suffit déjà en tout.
Prendre soin de moi, c’est comprendre que tôt ou tard, je choisirai ce qui est bon pour moi. C’est me laisser le temps de sombrer et garder confiance.
Parce que le corps reprend toujours ses droits, qu’il remonte toujours à la surface pour chercher l’air qui vient à lui manquer.
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